vendredi 30 mars 2018

I invade you, lauréat du prix Réal 2018 !

I invade you remporte le prix Réal 2018 remis par la Société des Gens de Lettres


 Un jury de dizaines de collégiens l'a élu meilleur roman pour les 11-14 ans ! Merci !

Ci-dessous, le vote des élèves de 3ème1 du collège de Kervihan à Rennes :-)






mardi 20 mars 2018

La critique de Nicolas Elie sur la lettre et le peigne...




« Les romans, c’est comme les chocolats », disait Forrest, « Tu sais jamais sur quoi tu vas tomber ». Je sais, j’extrapole un peu. Pas sûr qu’il causait des bouquins, mais il me fallait une introduction souriante. 

Sur la couv, il y a écrit « polar ». Bon. C’est pas ma cam préférée, mais j’avais promis à M’sieur Barrellon de lire un de ses livres. Alors j’ai lu celui-ci. J’ai pas vraiment changé d’avis, les polars, c’est définitivement pas mon truc, mais finalement, me suis-je forintériosé, que demande-je à un roman ? (Oui, quand je me forintériorise, je me pose des questions existentielles.) 

 Me prendre par la main (en tout bien tout honneur) et me faire faire un bout de chemin en sa compagnie (C’est ma réponse à ma forintériorisation). 

Quand j’ai commencé ma lecture, je me suis pensé « Merdasse, encore un roman où on va ressasser l’histoire de l’homme, dans tout ce qu’elle a de plus dégueu », mais non. C’est juste un prétexte, même si le prétexte en question est quand même bien présent. L’histoire se passe en partie en Allemagne, ce pays où les noms des rues sont quasiment imprononçables (sauf si t’es germano-pratiquant, forcément), et où dès que l’auteur te met des phrases dans la langue, tu te demandes pourquoi le monde entier ne parle pas français, sans parler des noms des institutions… C’est un bémol. Quand je lis un roman, devoir me référer fréquemment aux notes de bas de pages, ça me prend un peu la tête, parce que ça casse le rythme de lecture. Pas grave, mais il était nécessaire que je ne sois pas que dithyrambique. 

 Donc, ça se passe en Allemagne et en France (là, ça va, je comprends la langue), entre 1945, 1953, et 2012. Je sais, ça fait beaucoup de périodes différentes, avec le risque que l’auteur te perde entre deux frontières, et entre deux espace-temps. C’est pas le cas. Il m’a pas perdu, mais je me suis accroché de toutes les forces de mes petits bras. L’histoire est étonnante, parfaitement maîtrisée en termes d’intrigue, et à aucun moment, je n’ai pensé reposer le roman, comme ça m’arrive dans certains cas (je donne pas de noms). À noter la qualité de l’écriture du garçon. Jolie langue, mots choisis, du bon boulot d’écriveur. Tu vas suivre l’histoire d’une famille à travers les trois périodes dont je t’ai parlé, l’histoire de ces secrets qu’on souhaiterait parfois bien gardés pour que la vie ne blesse personne, l’histoire de ces gens qui ont sacrifié ce qu’ils avaient pour permettre à leurs enfants de grandir. Une histoire de quête aussi, celle qui nous envoie sur les traces de ce que nous sommes, sur les traces de ceux qui nous portent sur leurs épaules pour nous permettre de respirer, sur les traces de ceux qu’on a parfois oubliés, comme s’ils étaient trop loin de nous, comme si le temps avait le pouvoir d’effacer notre histoire. 

 Alors bien sûr, il y a des flics dedans, des flics qui enquêtent, des flics qui font leur boulot de flics. 

 Alors bien sûr qu’il y a des méchants aussi. Des vrais, sans remords, sans pitié, et sans cerveau pour quelques-uns. Puis des méchants comme ceux que tu vois parfois, ceux qui ne sont motivés que par le pouvoir, ceux qui marchent sur la tête des petits pour faire croire qu’ils marchent sur l’eau… 

 Et le Bien, dans tout ça, tu vas me demander… 

 Y en a pas. Les théories dont Nils Barrellon va te causer, ce sont les mêmes que tu as pu entendre si t’es tombé sur une vidéo du nain de jardin méchant que les autres appellent Zemmour. Je dis les autres, parce que moi, je l’appelle pas. La dernière fois que je l’ai entendu, j’ai vomi, alors maintenant, je fais gaffe. La haine de l’autre, ça me fait toujours cet effet-là. Pour résumer (pas le roman, mon avis…), j’ai passé un vrai bon moment. Je me suis pas ennuyé une seconde, et la fin m’a fait sourire, parce que bon… En même temps, si tu lis l’autre type, celui du code de Vinci, ça va pas te surprendre… Te félicite pas, je t’ai envoyé sur une fausse piste. 

 Va le chercher, si t’as envie de passer un vrai bon moment de lecture, parce que ça va te permettre de ne pas oublier que des auteurs français qui font bien leur métier, y en a. 

 Nils Barrellon, c’est l’un d’entre eux.

jeudi 15 mars 2018

Une critique de la Position des tireurs couchés par El Marco...

...pour le site Polar Pourpres




Zlatan Gubic est un THP, comprenez un tireur de haute précision à la BRI de Paris. Un sniper de haute volée, toujours calme et froid. Un récent cambriolage suivi d’une prise d’otage dans une banque a démontré, une fois de plus, l’étendue de ses capacités. Il découvre un jour par hasard un homme assassiné sur le périphérique au volant de sa voiture, tué d’une balle en pleine tête alors que l’automobile était en mouvement. Si ses collègues optent dans un premier temps pour un coup de feu émanant d’un véhicule voisin, Zlatan a une tout autre théorie : celle d’une balle décochée par un sniper depuis un immeuble voisin. Pour Zlatan, c’est le début de la fin.

Il s’agit d’une histoire finalement très simple, à défaut d’être simpliste : l’histoire d’un sniper confronté à l’un de ses pairs pour un mortel jeu du chat et de la souris. Sur le papier, il est vrai que le pitch n’a rien de transcendant. Mais avec ce roman qui pastiche le célèbre roman La Position du tireur couché de Jean-Patrick ManchetteNils Barrellon signe un opus d’une rare efficacité. La langue sèche et nerveuse mariée à ces chapitres courts et brutaux renforce la dynamique de son roman. Une remarquable course-poursuite entre deux hommes, faite de menaces, de défis et de traquenards. Zlatan est un personnage intéressant et qui attire rapidement l’attention du lecteur : ancien Bosniaque, ses pas ont été entraînés malgré lui dans la danse macabre de la guerre qui a ensanglanté et fracturé sa terre natale. C’est là-bas qu’il a appris les rudiments de l’art du tir avant de devenir un sniper de renom, même si un drame personnel a achevé sa carrière de soldat. D’ailleurs, serait-ce au cours de ce conflit armé que Zlatan se serait créé un ennemi suffisamment retors et rancunier pour se lancer sur sa piste, presque vingt ans plus tard ? Est-ce une vendetta personnelle ? La réponse ne tombera que dans les ultimes pages de ce livre solidement charpenté, égrenant tout du long de nombreuses indications quant à la balistique, chemisé comme une balle et qui touche sa cible en plein cœur. Une grande réussite littéraire de la part de Nils Barrellon, qui amorce son ouvrage par une citation de Jean-Patrick Manchette : « Un bon polar est vite écrit, vite lu, vite oublié ». Pour une fois, ayons l’immodestie de contester la parole de l’un des pionniers du roman noir français : ce roman a peut-être été vite écrit, il est effectivement rapide à lire, mais ses qualités empêchent toute amnésie immédiate à son sujet.

mardi 13 mars 2018

Une critique de la lettre et le peigne par Bruno...

...pour le site Unwalkers

La sortie en poche est souvent l’occasion de redécouvrir avec bonheur des livres à coté desquels on serait passés. Je ne sais pas si celui ci en fait partie, mais je peux vous dire qu’à l’époque ce récit mêlant une petite histoire à la grande histoire m’avait fortement séduit.
Nils Barrellon, rencontré pour la première fois chez le Corbac m’avait convaincu de lire son livre oscillant entre thriller, polar et roman historique. Aujourd’hui et après une relecture sérieuse, je confirme encore plus tout le bien que je pense de ce récit paru chez Jigal Polar.

Avec un titre qui résonne comme celui d’une fable, on assiste à une histoire se déroulant sur près de 70 ans. A partir de l’assassinat d’un gardien de musée, on se retrouve embarqué dans les heures sombres du nazisme, de la guerre et des fachos présents et passés.
L’auteur a travaillé sérieusement son sujet et a du faire quelques  recherches pour argumenter son propos. Il nous promène à travers les époques pour nous livrer un récit bien écrit qui oscille entre avril 1945 et Juin 2013.
Beaucoup de plaisir donc pour cette histoire intergénérationnelle qui permet de parler des deux Allemagne, RFA et RDA, que peu d’entre nous ont finalement connus. Ce terme de RDA semble aujourd’hui un mot presque sorti d’outre tombe. L’auteur réussit à faire le grand écart entre les époques sans jamais perdre de vu le fil de son récit et surtout maintient son lecteur en éveil bien que le promenant souvent par delà les décennies (1991,1979, 2001,1953, 1995, 2001 et 1998).
Soucis du détail et rédaction précise associés à une trame élaborée font que l’on n’a pas envie de lâcher le bouquin. Le scénario qui se situe principalement coté allemand  grand Berlin compris, apporte une touche des plus intéressantes que l’on ne rencontre que peu souvent. Des honnêtes gens et des salauds, mais en sont ils vraiment, s’y croisent, tel un Jacob qui se demande ce qui lui arrive.
De fil en aiguille, on arrivera au bout de ce roman en ayant la certitude que l’auteur nous permet de  remettre en mémoire quelques heures sombres de cette bonne vieille Europe tout en faisant remonter à la surface quelques questions toujours d’actualité.
Alors fiction historique ou polar au goût de thriller ? Assurément un joli voyage dans l’histoire rédigé par l’auteur, qui a bien su dénicher un éditeur habitué à nous proposer des romans avec une vraie âme et quelques leçons à méditer !