jeudi 3 septembre 2015

Mini chroniques en vrac 2/2

Suite et fin de mes lectures de l'été...

La conversation amoureuse d’Alice Ferney 

Alice Ferney excelle dans la description des sentiments amoureux. Elle semble écrire sous la dictée de la voix intérieure qui agite ses personnages (Pauline et Gilles – futurs amants) à l’orée d’une relation amoureuse. J’admire ce talent d’introspection qui, au-delà de l’acuité nécessaire, demande un style littéraire précis, une attention toute particulière au choix des mots et des tournures de phrases. Mais jugez plutôt : « Il est cependant singulier que ce genre de regard et de perfection ne durent pas, et, comme les autres, celui-ci s’acheva et ramena entre eux les relations normales : on se parle, on se devine, on se demande, on est pas certain, on aimerait bien, on ne dit pas tout et l’essentiel est tu. » ou encore « Il faut aux maris le courage de se tenir jour après jour à côté d’une nature fluide, une matière ardente, bouleversée d’humeurs et de sang. » Attention toutefois, la précision dans la description des sentiments est telle qu’il faut parfois relire deux fois la même phrase pour en comprendre correctement le sens. Lecture ardue donc mais indispensable. 

Il était sept fois la révolution d’Étienne Klein 

J’adore Étienne Klein, spécialiste du temps, docteur en philosophie des sciences, que j’ai eu la chance d’écouter en conférence, il y a une dizaine d’années au CEA de Saclay. Dans ce petit ouvrage, sous la forme de nouvelles courtes, il nous fait découvrir sept personnages, sept physiciens qui ont joué un rôle majeur dans la révolution qui bouleversa les sciences physiques au début du XXème siècle. Quasiment à la même époque, Einstein élabore la théorie de la relativité qui régit le monde macroscopique tandis que Pauli, Dirac, Majorana et les autres, étayent la physique quantique encore balbutiante qui gouverne le monde microscopique. Tout ce beau monde se connaît, s’apprécie et se côtoie (aux congrès Solvay à Bruxelles par exemple mais aussi chez eux où ils s’invitent les uns les autres). A l’instar de l’auteur qui nous le confie, j’aurais aimé être de ces réunions dans lesquelles on les croisait, ne fût-ce que pour y servir le café ! 

Glacé de Bernard Minier 

Mon premier Minier, l’auteur aux quatre best-sellers, traduits aux quatre coins du monde. Pourtant, pour ce premier essai, une demi-déception. Certes, les pages tournent vite, presque d’elles-mêmes tant on veut connaître la fin : qui a tué ce cheval retrouvé pendu au sommet du téléphérique ? David Servaz, flic sombre et torturé, nous emmène à sa suite pour le découvrir. Et on le suit. Mais quand arrive un sociopathe suisse, Hirtmann, enfermé dans un hôpital psychiatrique de haute sécurité pas très loin du même téléphérique, on se pose des questions. Dieu qu’il ressemble à Hannibal Lecter ce vilain Hirtmann qui semble connaître les auteurs des crimes suivants et distille ses pseudo-révélations à Diana Berg, la jeune psy, qui arrive dans l’établissement, portrait craché de Clarice Starling. Bref, un peu gros tout ça. Pour moi en tous les cas. Je ne sais pas si je finirai la trilogie Servaz. 
 
Une putain d’histoire de Bernard Minier 

Mon deuxième Minier. Excellentissime ! Une intrigue torturée mais crédible. Un voyage en enfer dans une petite île américaine (en partie imaginée, quel boulot Bernard !) où la pluie ne cesse de tomber que pour laisser la place à la neige. Une galerie de personnages intéressante, une construction narrative qui m’a fait penser à l’affaire Harry Quebert, des « trouvailles » typographiques surprenantes, du suspens. Du très bon. Peut-être vais-je revenir sur la trilogie Servaz finalement ;-) 



Les ronds dans l’eau d’Hervé Commère 

Je découvre Hervé que j’ai croisé à Montigny l’année dernière et, ma foi, je voudrais en dire le plus grand bien. Voilà un polar pas comme les autres. Un style impeccable et une trame dramatique bien ficelée : on passe d’un protagoniste à l’autre sans heurts mais cette transition, que l’on attend pourtant, surprend habilement. Un très bon roman que je recommande chaudement (d’ailleurs, il vient d’être traduit en japonais, c’est pour dire !). 




En cherchant Majorana d’Etienne Klein 

Dans la première moitié du XXème siècle, Etore Majorana disparaît de façon énigmatique alors qu’il n’a pas trente-cinq ans. Personne ne sait s’il est mort ou s’il a juste décidé de se retirer du monde des humains. Ce que l’on connaît c’est ce qu’il laisse derrière lui : des contributions scientifiques majeures dont certaines n’ont pas encore pu être vérifiées, leur donnant des allures de prophéties sibyllines. Étienne Klein, intrigué depuis longtemps par ce fabuleux physicien, un des rares de la trempe de Newton ou Einstein, est parti sur ses traces. J’aime ces livres où l’auteur devient un personnage à part entière du roman -à l’instar d’Emmanuel Carrere dans Limonov par exemple- où le lecteur découvre que les démarches entreprises par l‘auteur pour comprendre un sujet d’étude lui permettent de mieux se comprendre. 


Le troisième épisode des enquêtes du commissaire Kuhn de Nils Barrellon

Une enquête, une nouvelle fois, menée tambour battant. Kuhn est appelé dans un lycée parisien où a été trouvé dans une salle de classe le cadavre d'un homme dont on a arraché les yeux. Au-dessus du corps, peinte avec le sang de la victime, une curieuse inscription latine : Vidi Pereo. J'ai vu, je meurs. Le commissaire, drôle et affuté, se dévoile un peu plus et... Mais, suis-je bête, je n'ai pas lu ce livre, je l'ai écrit... Oups... Bon, on en reparle très prochainement ;-)