mercredi 2 décembre 2015

Quelques news...

Je serai samedi et dimanche qui vient à Montigny les Cormeilles pour le célèbre salon du polar, dix-huitième du nom...


Ce salon attire les auteurs de polar comme les mouches sur... euh comme les abeilles sur le miel :-) Vous y trouverez la crème de la crème du noir hexagonal : moi bien sûr, mais aussi Barbara Abel, Alexis Aubenque, Gérard Coquet, Bernard Boudeau et son blouson en cuir, David Coulon, Claire Favan, Bob Garcia, Karine Giebel, Ghislain Gilberti, Laurent Guillaume et son gros cigare, Nicolas Lebel et sa chevelure de feu, Armelle Malavallon, Maud Mayeras, Bernard Minier, Olivier Norek et sa cohorte de fans, Danielle Thiéry j'en passe et des meilleurs !
C'est Noël avant l'heure et j'espère bien vous y voir ! 
Toutes les infos sont là : http://www.salondupolar.com/Salon-2015

D'autre part, je profite de cette annonce pour vous dire que j'ai signé chez Fleur Sauvage, la petite maison d'édition qui monte, qui monte, qui monte, pour un one shot qui s'intitulera : La Position des Tireurs Couchés. 

Il sortira en avril, mai. C'est un polar qui tente de rendre hommage à Jean-Patrick Manchette, l'inventeur du neopolar. Le commissaire Nils Kuhn y apparaît mais ce n'est pas le personnage principal. Le rôle est tenu par un tireur de haute précision de la BRI. Je n'en dis pas plus, on en reparle très prochainement.

lundi 26 octobre 2015

Babylone Moscou d’Owen Matthews

Alors, autant vous le dire tout de suite, si vous êtes comme moi fan de Bret Easton Ellis et de Dostoïevski, vous allez ADORER Owen Matthews ! 

Né à Londres, d’un père anglais et d’une mère russe, Owen Matthews est la synthèse parfaite de ces deux écrivains à première vue antinomiques. En effet, Ellis a une écriture speed. Ses phrases sont vives, souvent hachées, et les mots fusent comme les balles d’une rafale de… kalachnikov. Fiodor, de son côté, a une légère tendance à la digression, aux circonvolutions narratives. Le premier est américain et rapporte avec brio le désenchantement de la jeunesse dorée de ses concitoyens. Les rebuts de ce capitalisme forcené qui n’offre plus d’avenir à avoir trop promis tentent d’oublier leur mal-être, leur non-être, dans la drogue, le sexe facile et les dernières fringues à la mode. Le second, russe of course, élabore des romans aux intrigues complexes dans lesquels il passe au scanner (à la loupe pour ne pas être anachronique) les mœurs de ses contemporains. L’âme russe y est transcendée, éclatant dans toute sa pathétique splendeur. Ses personnages s’auto-torturent, s’infligent des tourments auxquels ils estiment ne pas pouvoir échapper. Car ils leur étaient destinés

Owen Matthews conjugue ces deux univers…

Roman Lambert décide, au tournant des années quatre-vingt, de fuir le confort relatif du royaume de sa majesté pour venir « tenter l’aventure » sur la terre de ses ancêtres. L’URSS vient de s’effondrer et, à l’instar de son président bouffi d’alcool qui ne gouverne que pour ses amis, il y a de l’argent à faire. Mais pas pour tout le monde. Seuls les plus forts, les plus cyniques, les plus malhonnêtes s’enrichiront, souvent sur le dos de leurs anciens voisins. Roman Lambert va tenter d’appliquer ce qu’il a appris à Oxford sur ce nouveau territoire, ce nouvel eldorado du capitalisme. Mais c’est sans compter sur les autochtones. La Russie est une terre divine, empreinte de mysticisme, et les russes sont un peuple à part. L’âme russe, si difficile à décrire, bouscule toutes les certitudes de Lambert. « Ne plonge pas, reste en surface » lui conseille un anglais installé comme lui à Moscou. Mais, parce qu’il est à moitié russe, Lambert va plonger. Il va aimer, il va tuer. 

Owen Matthews, dans un style vif et rythmé (à la Bret Easton donc) parvient à rendre cette fameuse âme russe, squelette des grands romans du XIXème (de Tolstoï à Dostoïevski, en passant par Chamalov, Boulgakov, Gogol ou Pouchkine, j’en passe et des meilleurs). Grandeur et décadence à la mode russe ! Oligarque ou vendeur de cornichons en bocaux à la sortie du métro… 



Cerise sur le gâteau, son roman, moitié polar à la Crime et Châtiment, moitié documentaire, nous fait découvrir la chute de l’URSS de l’intérieur, nous fait toucher du doigt le cataclysme qu’il a représenté pour tous ceux qui, du jour au lendemain, ne furent plus rien. Pour être allé en Russie en 2004 (Cf photos), au plus près de ces gens qui ont tout perdu, je peux vous garantir que la description d’Owen Matthews est d’une lucidité remarquable (reporter pour Newsweek à Moscou en 90, il a vécu l’effondrement du bloc socialiste au plus près et explique en postface que les passages autobiographiques pullulent dans son roman). 



A lire, à relire, à sur-lire !

mardi 13 octobre 2015

Tous à Saint-E !

C'est ce week-end... A Saint-Etienne (allez les verts)...
J'y signerai La fille qui en savait trop et Le jeu de l'assassin en compagnie de l'excellent Nicolas Lebel mais aussi d'Emmanuel Petit (oui oui, le footeux), PPDA (que je connais très bien depuis que nous nous sommes vus à Saint Cyr sur Loire, on peut même dire que nous sommes potes) ;-)
Venez tous, je serai dans la grande libraire installée sur la place de l'hôtel de ville -stand G8. Et puis il y aura plein d'autres trucs à faire !



RDV ce week-end alors ???

lundi 5 octobre 2015

Une critique de Mika...

...pour son blog Les polars de Mika

La fille qui en savait trop n'est pas une revisite du film du même nom du maître Mario Bava. Bien que les deux histoires nous mènent à une femme qui devient un témoin gênant, la trame est totalement différente. Nils Barrellon nous traîne dans les rues parisiennes à la recherche de témoins d'un meurtre particulièrement horrible. Les restes d'une jeune femme ont été balancés dans un enclos aux cochons ...
Le début est très bon, on est vite pris dans l'histoire. Et on remarque assez rapidement que l'auteur a de bonnes connaissances dans le système policier français. Le rythme est soutenu du début à la fin, pas de temps mort et quelques scènes sont même très excitantes. Mais j'ai été gêné par les quelques traits d'humour de l'auteur, parfois un peu lourd à l'image de cette expression "Double effect kiss cool", et qui tendent malheureusement plus à décrédibiliser un roman qui réunit pourtant tous les ingrédients pour être un bon roman noir.

Au final, j'ai été tout de même happé par l'histoire. Nils Barrellon retranscrit à merveille la violence et l'horreur de la prostitution à grande échelle. Son personnage de Nils Kuhn est attachant malgré son humour. Belle découverte, je ne manquerai pas de lire son premier roman : Le Jeu de l'Assassin.

jeudi 3 septembre 2015

Mini chroniques en vrac 2/2

Suite et fin de mes lectures de l'été...

La conversation amoureuse d’Alice Ferney 

Alice Ferney excelle dans la description des sentiments amoureux. Elle semble écrire sous la dictée de la voix intérieure qui agite ses personnages (Pauline et Gilles – futurs amants) à l’orée d’une relation amoureuse. J’admire ce talent d’introspection qui, au-delà de l’acuité nécessaire, demande un style littéraire précis, une attention toute particulière au choix des mots et des tournures de phrases. Mais jugez plutôt : « Il est cependant singulier que ce genre de regard et de perfection ne durent pas, et, comme les autres, celui-ci s’acheva et ramena entre eux les relations normales : on se parle, on se devine, on se demande, on est pas certain, on aimerait bien, on ne dit pas tout et l’essentiel est tu. » ou encore « Il faut aux maris le courage de se tenir jour après jour à côté d’une nature fluide, une matière ardente, bouleversée d’humeurs et de sang. » Attention toutefois, la précision dans la description des sentiments est telle qu’il faut parfois relire deux fois la même phrase pour en comprendre correctement le sens. Lecture ardue donc mais indispensable. 

Il était sept fois la révolution d’Étienne Klein 

J’adore Étienne Klein, spécialiste du temps, docteur en philosophie des sciences, que j’ai eu la chance d’écouter en conférence, il y a une dizaine d’années au CEA de Saclay. Dans ce petit ouvrage, sous la forme de nouvelles courtes, il nous fait découvrir sept personnages, sept physiciens qui ont joué un rôle majeur dans la révolution qui bouleversa les sciences physiques au début du XXème siècle. Quasiment à la même époque, Einstein élabore la théorie de la relativité qui régit le monde macroscopique tandis que Pauli, Dirac, Majorana et les autres, étayent la physique quantique encore balbutiante qui gouverne le monde microscopique. Tout ce beau monde se connaît, s’apprécie et se côtoie (aux congrès Solvay à Bruxelles par exemple mais aussi chez eux où ils s’invitent les uns les autres). A l’instar de l’auteur qui nous le confie, j’aurais aimé être de ces réunions dans lesquelles on les croisait, ne fût-ce que pour y servir le café ! 

Glacé de Bernard Minier 

Mon premier Minier, l’auteur aux quatre best-sellers, traduits aux quatre coins du monde. Pourtant, pour ce premier essai, une demi-déception. Certes, les pages tournent vite, presque d’elles-mêmes tant on veut connaître la fin : qui a tué ce cheval retrouvé pendu au sommet du téléphérique ? David Servaz, flic sombre et torturé, nous emmène à sa suite pour le découvrir. Et on le suit. Mais quand arrive un sociopathe suisse, Hirtmann, enfermé dans un hôpital psychiatrique de haute sécurité pas très loin du même téléphérique, on se pose des questions. Dieu qu’il ressemble à Hannibal Lecter ce vilain Hirtmann qui semble connaître les auteurs des crimes suivants et distille ses pseudo-révélations à Diana Berg, la jeune psy, qui arrive dans l’établissement, portrait craché de Clarice Starling. Bref, un peu gros tout ça. Pour moi en tous les cas. Je ne sais pas si je finirai la trilogie Servaz. 
 
Une putain d’histoire de Bernard Minier 

Mon deuxième Minier. Excellentissime ! Une intrigue torturée mais crédible. Un voyage en enfer dans une petite île américaine (en partie imaginée, quel boulot Bernard !) où la pluie ne cesse de tomber que pour laisser la place à la neige. Une galerie de personnages intéressante, une construction narrative qui m’a fait penser à l’affaire Harry Quebert, des « trouvailles » typographiques surprenantes, du suspens. Du très bon. Peut-être vais-je revenir sur la trilogie Servaz finalement ;-) 



Les ronds dans l’eau d’Hervé Commère 

Je découvre Hervé que j’ai croisé à Montigny l’année dernière et, ma foi, je voudrais en dire le plus grand bien. Voilà un polar pas comme les autres. Un style impeccable et une trame dramatique bien ficelée : on passe d’un protagoniste à l’autre sans heurts mais cette transition, que l’on attend pourtant, surprend habilement. Un très bon roman que je recommande chaudement (d’ailleurs, il vient d’être traduit en japonais, c’est pour dire !). 




En cherchant Majorana d’Etienne Klein 

Dans la première moitié du XXème siècle, Etore Majorana disparaît de façon énigmatique alors qu’il n’a pas trente-cinq ans. Personne ne sait s’il est mort ou s’il a juste décidé de se retirer du monde des humains. Ce que l’on connaît c’est ce qu’il laisse derrière lui : des contributions scientifiques majeures dont certaines n’ont pas encore pu être vérifiées, leur donnant des allures de prophéties sibyllines. Étienne Klein, intrigué depuis longtemps par ce fabuleux physicien, un des rares de la trempe de Newton ou Einstein, est parti sur ses traces. J’aime ces livres où l’auteur devient un personnage à part entière du roman -à l’instar d’Emmanuel Carrere dans Limonov par exemple- où le lecteur découvre que les démarches entreprises par l‘auteur pour comprendre un sujet d’étude lui permettent de mieux se comprendre. 


Le troisième épisode des enquêtes du commissaire Kuhn de Nils Barrellon

Une enquête, une nouvelle fois, menée tambour battant. Kuhn est appelé dans un lycée parisien où a été trouvé dans une salle de classe le cadavre d'un homme dont on a arraché les yeux. Au-dessus du corps, peinte avec le sang de la victime, une curieuse inscription latine : Vidi Pereo. J'ai vu, je meurs. Le commissaire, drôle et affuté, se dévoile un peu plus et... Mais, suis-je bête, je n'ai pas lu ce livre, je l'ai écrit... Oups... Bon, on en reparle très prochainement ;-)



vendredi 14 août 2015

Critique du Jeu de l'Assassin et de la Fille qui en savait trop...

...pour le blog Destination Polar 

 
A propos de la Fille qui en savait trop (chronique du 25 juillet 2015)

Il y a des auteurs dont on sait que la lecture de leur ouvrage va nous permettre de passer un excellent moment. Nils Barrellon appartient à cette catégorie. Cette enquête se lit très facilement, quasiment d’une traite. Agréable à suivre, elle est plutôt bien construite et même si la fin peut se deviner grâce à des indices disséminés, il n’en reste pas moins que le style de l’auteur me plaît beaucoup. Les personnages sont sympathiques, différents mais soudés, les dialogues sont plutôt drôles. Je lirai la suite avec grand plaisir.

A propos du jeu de l'assassin (chronique du 20 avril 2014) 

« Le jeu de l’assassin » est le premier roman, très réussi, de Nils Barrellon. Cet ouvrage était finaliste du prix du Quai des Orfèvres décerné en 2013 et j’imagine la difficulté pour le jury d’avoir eu la lourde tâche de départager ces deux très bons thrillers. Malgré un début aux accents un peu doctes, où l’auteur enseigne au lecteur quelques principes de procédure pénale qui ne m’ont pas paru utiles, la suite nous entraîne dans une histoire où l’action, l’humour et les rebondissements sont très présents. Le personnage principal, le commissaire Kuhn, n’a rien du héros parfait. Bien au contraire, professionnel expérimenté, il n’en est pas moins faillible, ce qui le rend non pas attachant mais plaisant (subtile différence). L’équipe qui entoure le commissaire Kuhn est sympathique et efficace. Quant à l’intrigue, elle est assez captivante. Le style de Nils Barrellon est efficace, agréable, facile à lire. Ce premier roman est vraiment très bon. J’espère qu’une suite est prévue, je la lirai avec beaucoup de plaisir.

Une critique de la fille qui en savait trop...


 
Une main de femme aux ongles vernis rouge. 
 
C’est tout ce que des cochons rares d’une ménagerie parisienne auront laissé au commissaire Kuhn et son équipe à se mettre sous la dent.
 
C’est le point de départ d’une enquête sur le trafic de femmes de l’Est destiné à la prostitution sur le territoire français. 
 
Kuhn, Letellier, Lefort, N’Guyen et Anissa Chihab vont avoir du pain sur la planche pour remonter le fil des indices et résoudre cette affaire.
 
Je remercie tout d’abord Eric Poupet et les éditions City pour la découverte de cet auteur et de ce titre.
 
Je découvre un polar de facture classique, à l’écriture simple, fluide et agréable, à l’intrigue très actuelle avec le thème de la prostitution de l’Est.
 Le sujet est maîtrisé et documenté et colle à ce que l’on peut connaître de la réalité de ce style d’événements.

Il est également subtilement décrit pour ne pas tomber dans le gore et le voyeurisme, tout en décrivant précisément le calvaire de jeunes femmes tombant aux mains de proxénètes violents et sans scrupule.

Un certain humour est égrené au fil des pages, pour contrebalancer l’horreur de l’enquête et parmi d’alléger l’ambiance.

Par contre, je n’ai vraiment pas goûté les pseudo jeux de mots et plaisanteries autour de ces pauvres cochons assassinés, victimes gratuites de cette enquête.

Et le parler des cités d’un des jeunes flics, Jérémy, est quelque peu pénible et cliché. Tout comme la diversité « obligée » de son équipe, entre ce fameux jeune des quartiers chauds et un élément féminin, d’origine maghrébine de surcroît, Anissa.

Le ton est assez âpre, me fait penser au style de Frédéric Dard par moment.

L’histoire est très bien construite, sans aucune incohérence.

Les indices semés par ci par là permettent aux lecteurs de coller au plus près des enquêteurs, de réfléchir en même temps que leurs déductions tombent.

Les personnages découverts dans Le jeu de l’assassin s’affirment dans la lignée amorcée dans le premier roman.

L’équipe se dévoile petit à petit dans leurs relations privées.

Les rapports entre le quai des Orfèvres et les magistrats sont admirablement tendus.

Et les conditions de travail et les pérégrinations des policiers sont superbement détaillées.

Somme toute, ce roman est une agréable lecture mais reste trop classique et franco-français pour que j’en garde un souvenir impérissable.

lundi 10 août 2015

Mini chroniques en vrac 1/2


En parallèle de mes corrections du troisième Kuhn, j’ai beaucoup lu cet été. Voici un rapide avis sur tous les polars « des collègues » que j’ai dévorés. Mais pas que…
Bien sûr, c'est mon avis et, si je le partage, il n'engage que moi.

Yeruldelgger de Ian Manook

L’exotisme du décor n’est sûrement pas étranger au fantastique succès de ce roman du sympathique Ian Manook (ce grand baroudeur a toujours une anecdote amusante à raconter. Celle de « son » Woodstock vaut son pesant de cacahuètes). C’est sûr que la Mongolie, pour être honnête, on ne connaît pas très bien. L’intrigue, bien que complexe, n’est finalement pas ce que l’on retient. En effet, le charisme du personnage principal, les us et coutumes mongols, les descriptions de la steppe et d’Oulan-Bator la relèguent au second plan (on retiendra tout de même que les chinois, surtout s’ils sont riches, ne sont pas gentils avec leurs voisins mongols).


Reflex de Maud Mayeras

Le premier opus de Maud –Hématomes- m’avait laissé une impression mitigée : un style nickel au service, à mon avis, d’une intrigue par trop invraisemblable (voir ma chronique ici). Néanmoins, je brûlais d’impatience de découvrir son second roman au sujet duquel la critique était et est toujours unanime : excellent. Et je n’ai pas été déçu. Un style imparable. Encore mieux maîtrisé. Des phrases courtes. Des assertions sèches et imparables. Une intrigue rondement menée jusqu’à la révélation finale. Un grand polar.



Les nymphéas noirs de Michel Bussi

C’est bien écrit et bien troussé mais… je n’ai pas aimé. Je n’ai pas aimé me faire avoir. Car le lecteur est littéralement roulé dans la farine par Bussi. Beaucoup diront (je l’ai lu et entendu à de nombreuses reprises) que c’est ce qui fait la force de l’auteur. Il mène ses lecteurs en bateau pour les gifler dans les dernières pages. C’est un peu comme un tour de magie dont on révèlerait le truc à la fin (ici, le changement de prénom). Je préfère garder une part de mystère.




Territoires d’Olivier Norek

Code 93 était bon (je l'affirme ici). Territoires est excellent. On retrouve le capitaine Coste et sa fine équipe pour une enquête documentaire qui fait froid dans le dos. Les banlieues et les cailleras qu’elles engendrent y sont cliniquement décrits. Il y un côté reportage que j’ai adoré et qui m’a rappelé mes années d’enseignement à Villiers le Bel. Un grand polar, résolument moderne.




 
L’ombre de Janus de Laurent Scalese

Le deuxième roman de cet auteur prolifique qui n’a plus rien à prouver est une enquête somme toute assez classique opposant un flic à un machiavélique serial-killer qui sévit dans l’Ouest parisien (et dans les forêts où j’ai l’habitude de faire du VTT).  C’est diablement efficace et très bien documenté sur le fonctionnement de la Police française. J’ai surligné pas mal de trucs qui pourraient me servir ! ;-) 





Terminus Belz d’Emmanuel Grand

Un coup de cœur pour reprendre la locution à la mode. Petite île perdue au large des côtes bretonnes, Belz « accueille » Marko qui a fuit son Ukraine natale. Mais tout n’est pas si simple et, à cause des passeurs soucieux de récupérer l’argent qu’il leur a dérobé ou des marins bourrus de l’île qui voient d’un mauvais œil cet étranger venu pêcher le poisson des français, son installation va être mouvementée. Le plus de ce polar est la petite touche de fantastique qu’Emmanuel distille ici et là. Un peu d’Ankou, au cas ou ? Hyper original.



Le cas Eduard Einstein de Laurent Seksik

Les livres sur la vie et l’œuvre d’Albert Einstein sont légion. Seksik a pris le parti d’aborder le mythe par le biais de la biographie de son deuxième fils Eduard. Schizophrène, ce dernier mourra dans l’institution suisse où sa mère, Milena, est contrainte de le laisser à l’âge de vingt ans. Son père ne viendra jamais le voir. Dans ce court roman, qui donne tour à tout la parole à chacun des membres de la famille Einstein, on découvre la face sombre du génie qui abandonne sans se retourner femme et enfants alors qu’il est au sommet de sa gloire. Jamais il n’assumera ce fils différent. Peut-être un des rares problèmes qu’il ne parviendra pas à résoudre. Ce livre révèle des choses sur l’homme Einstein. Et elles ne sont pas belles.

La Chambre des morts de F.Thilliez

Une grosse déception. Le style est ampoulé et l’histoire peu crédible. C’est dommage car le pitch de départ est super bon : que feriez-vous si vous trouviez un sac contenant une grosse somme d’argent liquide, en pleine nuit, en pleine campagne, sans aucun témoin ? Hélas, la suite de l’histoire est rocambolesque et cette fameuse chambre des morts prêterait presque à sourire. Je n'ai pas du tout accroché (même si je reconnais un travail de recherche poussé). C'est étrange car ce roman, adapté au cinéma avec Mélanie Laurent, a reçu plusieurs prix prestigieux et a été acclamé par la critique à sa sortie (il y a déjà dix ans). Je lirai un autre Thilliez prochainement pour ne pas rester sur cet échec !


dimanche 9 août 2015

Un entrefilet, aux côtés de Thilliez, dans France Dimanche début juillet

Etre à côté de l'un des maîtres du thriller hexagonal lui va si bien, à la Fille qui en savait trop ! C'était dans le France Dimanche du 26 juin dernier !




mardi 9 juin 2015

L'heure des fous de Nicolas Lebel

Alors oui, je ne vous le cacherai pas plus longtemps, moi qui l'ai vu de près, je peux affirmer que Nicolas Lebel est bel et bien roux ! Les photos glanées sur sa page Facebook qui tentent de faire croire le contraire ne résistent pas longtemps à un examen attentif.
Nicolas est roux, point.
Cela ne l’empêche pas, comme pourraient le penser certains, d’écrire des polars, d'enseigner l'anglais, de vouer une passion sans limite pour le Vouvray pétillant et les répliques d’Audiard. A n'en pas douter, ses cheveux de feu lui confèrent aussi un avantage souvent décisif : ils déstabilisent ses adversaires, aussi sûrement que le mot pamplemousse, lors de ces rudes joutes qu’il affectionne, étant depuis l’âge de trois ans un aficionado des sports de combat extrême : Krav-maga, capoiera, kick boxing, lutte gréco-grecque ou  ultimate baston (la légende raconte qu’il participe à des fight clandestins dans des caves de banlieue sous le sobriquet comminatoire du Marteau Ecossais). Cet homme, comme me le soufflait il y a peu, un Olivier Norek apeuré, cet homme, donc, est capable de tuer un homme avec un seul doigt. Un cheval même, ajoutait l’auteur de Digicode AC93 avant de partir comme un pet sur une toile cirée.

Nicolas Lebel est roux. C’est avéré. Passons.

D’autres zones d’ombre subsistent qui rendent cet auteur plus sibyllin encore et qui ne sont pas près d’être éclaircies tant l’homme tient bien l’alcool. Quel lien de parenté l’unit à Michel Lebel, champion de bridge ? Lui a-t-il appris, quelque part dans la jungle indonésienne, les règles de ce jeu élevé au rang de sport ? Est-il son partenaire officiel dans un tripot de Macao où il fait le mort pour lui et pour quelques dollars de plus ? Et que penser du fusil Lebel ? En est-il l’inventeur ? Sait-il seulement s’en servir ? Nicolas Lebel habite-t-il Villiers le Bel ? Possède-t-il le sang bleu de Philippe le Bel ? A-t-il soufflé à Jack Lang sa célèbre réplique : « Quel Lebel homme ! »



A toutes ces questions, je n’ai pas de réponse et préfère donc vous parler de son premier polar : L’Heure des Fous aux éditions Marabout.

J’en ai fait l’acquisition au salon de Saint Cyr sur Loire où nous nous sommes retrouvés il y a une grosse semaine. Eh oui, autre facette de sa personnalité complexe, Nicolas Lebel est pingre et ne m’a pas offert son bouquin, contrairement aux coupettes de Vouvray qu’il me tendait à intervalles de temps trop réguliers car elles étaient gratos, elles (je ne veux pas sombrer dans le cliché facile mais l'équation roux = écossais = radin serait-elle ici vérifiée ?). 

Pour faire court, son livre c’est du tout beau, c’est du tout bon, comme dirait Dubonnet.


Commissariat du douzième arrondissement de Paname. Le capitaine Mehrlicht, grenouille au physique de Paul Preboist, ou l’inverse, qui fume comme Brel et parle comme Audiard, mène l’enquête sur le meurtre d’un SDF, aidé de ses collègues : Dossantos, mastodonte bodybuildé qui connaît son CPP par cœur, Latour, la jolie (on le suppose du moins) lieutenant qui planque un sans-papier et Ménard, l’inspecteur stagiaire qui en prend plein la tronche.

L’enquête est pour le moins originale et étayée par, excusez du peu, l’oeuvre de Victor Hugo. Attention, l’ensemble n’est pas pour autant pétri de nostalgie pour le XIXème siècle.  
C’est moderne, très moderne. Le texte est émaillé de références très contemporaines : pub, jingle, série télé… Et puis c’est amusant parce que Mehrlicht abuse de l’argot d’Audiard, rendu  célèbre par les fameux tontons flingueurs. Nicolas nous gratifie de quelques répliques cultes ("Les cons ça ose tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît") et nous en fait découvrir d’autres par un astucieux procédé (la sonnerie du portable de Mehrlicht est une phrase, toujours différente, tirée d’un dialogue écrit par Audiard) qui prend tout son sens dans les derniers chapitres.

Ça se lit vite, ça se lit bien. C’est léger mais pas tant que ça. L’humour ne cherche pas à cacher les préoccupations plus sérieuses qui semblent tracasser l’auteur : l’exclusion, le grand capital, notre société égoïste et broyeuse d’homme. Et puis, last but not least, on apprend des choses dans ce bon polar et moi j'adore. Peut-être le côté prof de Monsieur Lebel… On ne se refait pas !

A lire d’urgence donc, même si vous n’êtes pas roux.

dimanche 24 mai 2015

Dédicace à la maison de la Presse - Avenue des Lilas - Paris 19

Super dédicace hier à la maison de la presse des Lilas. Toute l'équipe s'est mise en quatre pour faire de cette première un vrai évènement. Et ils ont réussi ! Les visiteurs furent nombreux et les ventes conséquentes. Autant de nouveaux lecteurs avec lesquels j'ai pu discuter à bâtons rompus de mes livres mais aussi de mentalisme, de l'éducation nationale et de la réforme du collège, de Paris, du 93... 



Bref, ce petit message pour remercier chaleureusement Alexandre, Julien et Mélanie et vous recommander cette librairie dynamique qui ne demande qu'à vous accueillir toujours plus nombreux pour vous conseiller un bon polar ou une bonne BD ! Et ils ont plein d'idées pour l'avenir... Une librairie à suivre !





Suivez le lien ci-dessous pour être au jus :
Je suis super fier d'être le premier à avoir signé le bureau spécial dédicace ! D'autres auteurs devraient me succéder très prochainement...


PS : Gérard Collard est le parrain de cette librairie et cela n'est pas un hasard ! ;-)

Un article dans le journal Paris-Normandie...






mercredi 20 mai 2015

Papillon d'Henri Charrière et La Guillotine Sèche de René Belbenoit


J’ai eu la chance, il y a trois semaines de cela, de partir une dizaine de jours en Guyane. Je me suis régalé. Dans ce département français, le plus grand, couvert à 95% par la forêt amazonienne, rien ou si peu n’est prévu pour les touristes.
Car touriste il n’y a pas.
Il faut avouer que cette terre n’est pas particulièrement hospitalière. Le soleil frappe fort dès le matin, la température est suffocante et d’autant plus difficile à supporter que l’humidité de l’air frise avec les 100% toute l’année ; les moustiques sont nombreux et porteurs, en vrac, de  la dengue, du chikungunya ou du palu ; les routes sont souvent défoncées voire carrément inexistantes –beaucoup de villes ne sont accessibles qu’en pirogue ! Enfin, le coût de la vie est étonnamment élevé… 

Et pourtant, j’ai assisté, dans cet unique morceau d’Europe en Amérique du Sud, à des évènements extraordinaires que je ne suis pas près de revoir ni d’oublier.
J’ai assisté, les yeux écarquillés, au 222ème lancement du lanceur Ariane. J’ai observé, en pleine nuit, la ponte des tortues luth, ces monstres de plus de cinq cents kilos sur la plage d’Awala Yalimapo. J’ai tenu dans mes mains un caïman noir de plus d’un mètre. J’ai frissonné en entendant les singes hurleurs déchirer le silence de la nuit, relatif dans la jungle toutefois, par leurs cris gutturaux hallucinants. 


Et puis…
Et puis, j’ai visité ce qui justifie ce billet dans ce blog « littéraire » : les îles du Salut  et le camp de la transportation à Saint-Laurent du Maroni.
Bref, j’ai visité le bagne.

De retour en métropole, j’ai immédiatement fait l’acquisition des deux bouquins dont il sera question ici : Papillon d’Henri Charrière et La Guillotine Sèche de René Belbenoit.
J’avais déjà lu deux fois le premier, je l’ai relu une troisième fois. Rédigé à la première personne du singulier, il s’agit d’une autobiographie d’Henri Charrière, alias Papillon, en rapport au lépidoptère qu’il a tatoué dans le dos, petit escroc montmartrois, condamné à perpétuité pour un meurtre qu’il n’a pas commis (du moins l’affirme-t-il).
C’est une immersion étouffante dans l’enfer du bagne. Les conditions de vie sont extrêmes, plus
de deux bagnards sur trois meurent moins d’un an après leur arrivée (les moustiques, les parasites, les maladies, la sous-nutrition, la maltraitance). L’injustice qui règne dans les camps est poussée à son extrémité. Chacun veille sur ses fesses et se démerde comme il peut pour améliorer son quotidien misérable. Les bagarres sont monnaies courantes, les règlements de compte sanglants aussi. Ce qui anime ce roman, sa colonne vertébrale, est la volonté farouche, indéboulonnable de son narrateur d’échapper à cet enfer coûte que coûte. Ainsi, on le suit dans ses multiples tentatives d’évasion, toutes plus ahurissantes les unes que les autres, jusqu’à la dernière, la bonne depuis l’île du diable où fut enfermé Dreyfus !

Ce roman possède un souffle épique indéniable (et les producteurs hollywoodiens l’ont bien compris qui l’ont adapté au cinéma avec Steve Mac Queen – film de 1973 que je vous recommande chaudement). C’est un roman d’aventure documenté. Et c’est peut-être l’unique reproche que j’ai à formuler à l’issue de cette troisième lecture. Des doutes subsistent sur la véracité des faits rapportés par Charrière. Le guide du camp de la Transportation m’a confirmé que Papillon ne s’était pas évadé depuis l’île du diable comme il le décrit dans son livre mais depuis un camp situé aux milieux des terres (c’étaient les plus nombreux). Il semblerait donc que Charrière a étoffé son histoire avec celles des bagnards qu’il a côtoyés. Tout est vrai mais il ne l’a pas vécu !

C’est toute la différence avec le livre témoignage de René Belbenoit. Ici, tout est vraiment vrai. ;-) Et tout est aussi stupéfiant. René est une petite racaille qui échoue au bagne pour une connerie*. Lui aussi n’a qu’une idée en tête : s’évader. Il accumulera les tentatives ratées, qui rallongeront d’autant sa peine, avant de réussir à rallier les États-Unis au prix d’un périple homérique. Le livre est plus ramassé que celui de Charrière, plus direct. Pas d’effet de style, les faits, rien que les faits. C’est un style journalistique et d’ailleurs, Belbenoit devra la réussite de sa cavale à ses facultés d’observation et de synthèse (il sera mandaté à plusieurs reprises pour faire des rapports sur le bagne et ses pratiques par le gouverneur de la région et par des touristes-journalistes américains). René aussi connaîtra les camps forestiers, les chiques, le scorbut, les humiliations, les injustices, les mauvais traitements. Lui aussi sera puni par une peine de réclusion dans les cellules à ciel ouvert situées sur l’île Saint Joseph.

J’ai eu la chance de visiter ces cellules, je me suis aussi baigné dans la piscine aménagée par les bagnards sur l’île Royale pour se protéger des vagues et des requins, j’ai mangé les fameuses cocos (elles reviennent souvent dans les deux romans) et je ne vous cache pas que cela éclaire ces livres. On voit, on comprend où ces deux hommes ont évolué. On pense toucher du doigt ce qu’ils ont pu vivre, leurs souffrances, leurs désillusions…


Néanmoins, même si vous n’avez pas été en Guyane, je vous recommande la lecture d’un de ces deux bouquins pour découvrir de l’intérieur l’une des taches sombres de notre Histoire nationale**. Inutile –sauf si le premier vous passionne, ce qui ne serait pas étonnant- de lire les deux. Ils racontent finalement la même histoire. Pour choisir, sachez donc que la Guillotine Sèche est plus documentaire, plus factuel que celui de Charrière, plus romancé, plus littéraire.
Bonne découverte.
PS : les photos sont de moi ;-)

*A l’époque, l’administration envoie beaucoup d’hommes en Guyane. L'idée –voulue par Napoléon- est de peupler cette terre difficile avec des hommes forts. Ainsi, une loi insensée est instaurée : sa peine de prison purgée, le bagnard qui a la chance d’être encore en vie, doit rester un temps égal sur les terres guyanaises avant d’être autorisé à rentrer au pays (chose presque impossible de toutes les façons, le prix du billet retour étant inaccessible).

** Le bagne sera définitivement fermé en 1945 à la suite d’un article d’Albert Londres venu constater les conditions de vie pitoyables des prisonniers en 1923 et qui fera grand bruit. Cependant, les derniers bagnards et gardiens ne reviendront en France qu’en 1953.