jeudi 24 juillet 2014

Quatre racines blanches de Jacques Saussey


J’ai eu la chance de croiser Jacques à deux reprises.

La première au salon Coup de Polar 2 organisé par la médiathèque de Nogent sur Oise. Nous avions échangé quelques banalités, et le bonhomme m’avait immédiatement paru sympathique, avant de retourner derrière nos tables respectives où Jacques fut accaparé toute la journée par des lecteurs enthousiastes tandis que, moins dérangé, je discutais le bout de gras avec Alick.

La seconde au salon du livre de poche organisé par Gérard Collard à Saint Maur. Contexte différent puisque, Le Jeu de l’Assassin n’ayant pas (encore ?) eu les honneurs de l’édition de poche, je m’y suis rendu en qualité de lecteur. J’y ai croisé plusieurs auteurs que j’espère recroiser dans d’autres salons (et que j’ai eu l’occasion de chroniquer dernièrement) dont Jacques avec qui j’ai échangé quelques mots. Il faisait une chaleur caniculaire ce jour, ce qui explique sa dédicace. Je ne l’ai comprise qu’après m’être lancé dans la lecture de ce policier.

Daniel Magne est choisi pour représenter la Police Française au Québec. Alors qu'il sort d'une conférence, dans un parking souterrain, il a la malchance d’assister à l’enlèvement d’une femme par un groupe violent qui n’hésite pas à lui tirer dessus. Il échappe de peu à la balle qui lui était destinée mais le flic quebécois qui l’accompagne n'a pas sa chance et est tué. L’inspecteur-chef Lachance demande alors à l’entendre comme témoin et lui propose de participer à l’enquête.
Et elle est bien fichue cette enquête !

C’est un vrai polar, comme je les aime. Pas de rebondissements tirés par les cheveux pour embrouiller le lecteur artificiellement dans les dernières pages. On sait immédiatement que Magne se lance à la poursuite de ce japonais tueur de flic et on le suit dans sa traque. Sa compagne, Lisa Heslin, va le rejoindre et l’aider dans sa quête au cours de laquelle ils découvriront les tenants et aboutissants de cet enlèvement. Les nombreux personnages, les nombreux éléments s’imbriquent pour dessiner une intrigue complexe mais crédible dont la clé de voûte (et j’ai adoré cette trouvaille) est le chaînon manquant ! Je n’en dis pas plus…

J’ai aimé ce bouquin, il m’a plu en tant qu’auteur de polar car j’y ai vu le travail sous-jacent. Les recherches. Les repérages. Jacques a d’ailleurs publié sur son site (www.jacques-saussey-auteur.com) les photos de son voyage préparatoire au Québec. Je les ai découvertes après avoir refermé le livre, en rédigeant cette chronique, et ai dû convenir que les descriptions du livre étaient très fidèles puisque, en les visionnant, j’avais l’impression de connaître les lieux (ci-contre, le parc dans lequel Lisa Heslin tente d’échapper à ses poursuivants) ! J’aime cette rigueur (je pense que je vais lui piquer l'idée de la bibliographie proposée à la fin) et ce réalisme.

Toutefois, j’ai pris du plaisir en tant que lecteur aussi. C’est rythmé, il y a de l’action (remarque perso : peut-être un chouïa trop ?) et le choix de faire progresser l’histoire en alternant les points de vue des différents personnages fonctionne très bien car Jacques sait doser les révélations apportées par chaque protagoniste au fil des chapitres courts. Elles se complètent au fur et à mesure jusqu’à la scène finale.

Oh, bien sûr, j’ai quelques critiques mais elles relèvent plus de la « déformation professionnelle ». Obnubilé que je suis par le prix du Quai des Orfèvres, certaines incohérences m’ont choqué : jamais, au grand jamais, un flic français n’aurait le droit de mener une enquête sur le sol québécois, surtout avec les méthodes employées par Magne qui sont un peu… costaudes… Mais bon, ça passe quand même ! J'ai pu aussi lire sur le web quelques critiques quant à sa description du Québec et des us et coutumes de ses habitants (non, ils ne chantent pas tous du Celine Dion à tue-tête dans les rues) mais je dois avouer que je n'y ai vu que du feu. J'ai plutôt été content de voyager à si peu de frais et dois reconnaître que Jacques m'a donné envie d'aller découvrir cette froide contrée où -scoop- j'ai situé moi aussi une des intrigues du commissaire Kuhn !

Du bel ouvrage donc, que je recommande chaudement (froidement serait plus approprié d’ailleurs). Il est d'ailleurs en lice pour le prix des lecteurs 2014 du livre de Poche. C'est pour dire !

J’ai hâte de recroiser Jacques pour lui demander s’il a construit son intrigue autour de ce chaînon manquant parce que ça me tarabuste !




PS : Jacques a écrit de nombreux ouvrages dont plusieurs mettent en scène son "héros", le capitaine Magne. À découvrir !

mercredi 9 juillet 2014

Balai de la découverte

C'est officiel, le Jeu de l'assassin est sélectionné pour participer au prix du balai de la découverte 2014. Créé par le concierge masqué, ce prix de littérature policière récompense chaque année un jeune auteur de polar. 



En attendant la délibération du jury, tout est là :


Bonnes vacances à tous !

mardi 8 juillet 2014

Le tueur intime de Claire Favan

« Je n’ai jamais mis un pied aux Etats-Unis... » Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Claire, dans les remerciements de son thriller, Le tueur intime. Elle demande par ailleurs un peu d’indulgence à son égard pour cette lacune (comblée peut-être à l’heure actuelle, le livre est sorti en 2010). Et bien, pour ma part, je lui accorde bien volontiers : après l’omelette norvégienne, la glace à l’italienne, Claire signe un pur roman « à l’américaine » !
Will Edwards est un serial killer en devenir comme seuls les States semblent pouvoir engendrer. On assiste donc, sur près de 700 pages, à sa naissance puis à son développement. À sa maturation. Et bien évidemment, à sa traque par le profiler du FBI, RJ Scanlon !

Le tueur intime se lit comme on regarde une super production américaine, avec plaisir et jouissance. C’est divertissant. Pas besoin de réfléchir, juste se laisser porter (un peu d’attention est toutefois nécessaire pour ne pas se perdre dans tous les personnages aux patronymes so ricains qu’ils se ressemblent tous – mais on me reproche la même chose dans le Jeu de l’Assassin avec des patronymes « bien français » alors...). Claire Favan décrit les faits et les pensées avec justesse. J’ai apprécié notamment la retenue dans les descriptions des scènes de crime : sans les nommer, on perçoit, on devine les atrocités commises par Will Edwards. Le début du roman, où on assiste à l’éclosion du monstre, m’a fait penser à American Psycho d’un de mes auteurs fétiches, Bret Easton Ellis. Un temps, j'ai vu Pat Batman dans l’ombre de Will Edwards. J'ai cru aussi reconnaître dans RJ le pendant masculin de Clarice Starling  mais...

 
Le tueur intime souffre de ses qualités outre-Atlantique. Le style est efficace mais neutre, quelques longueurs sont à déplorer et, comme pour une super production américaine, on en devine la fin dès le début car  les codes sont les mêmes : le héros ne meurt jamais, le méchant finira par se faire prendre et il y aura sûrement un deuxième épisode (et il y en a eu un, intitulé Le tueur de l’ombre !) 





(Le génie d’Ellis avait été de revisiter le thème du serial killer dans un style ahurissant : violence et sexe ; phrases structurées en une hallucinante logorrhée sous coke. La particularité de Seven, de David Fincher, résidait dans son épilogue particulièrement inventif où le meurtrier poussait le flic à devenir un des siens. Pareil pour The Pledge, au dénouement tout simplement génial. Quant au mythique Silence des Agneaux, il misait sur l’aspect psychologique où, en parallèle de l’enquête sur le terrain suivie par Foster, on entrait dans la tête du tueur grâce à Hopkins qui distillait ses révélations à travers son masque en cuir. )


Claire Favan, qui avoue n’avoir jamais été aux USA, semble avoir puisé son inspiration dans ces différentes sources américaines (et la liste serait à rallonger, entres autres et en vrac, avec Le collectionneur, Copy cat, L’étrangleur de Boston, Jennifer 8, Tueurs nés, Zodiac...) pour en faire une synthèse maligne mais prudente. Elle livre donc un thriller au goût de déjà vu. 

Néanmoins, et c’est bien là le principal, on prend un grand plaisir à le lire. C’est fait pour les vacances. À dévorer avec un grand verre de Coca et une boîte de pop corn à portée de la main !

PS : J'ai rencontré Claire au Salon du livre de poche de Saint Maur où j'ai pu apprécier sa gentillesse et sa simplicité. Elle mérite amplement son succès et me souhaite le même en retour ;-) Ça c'est sympa et j'espère qu'elle ne me tiendra pas rigueur de cette critique (qui a le mérite d'être honnête).

jeudi 3 juillet 2014

Deux entretiens...

L'un avec le Concierge masqué (clic sur l'image pour le lire)

L'autre pour le blog Des Encres sur le Papier (merci Fabien ;-))




mercredi 2 juillet 2014

Une critique de Guillaume

 pour son blog : Tribulations d'une vie



"Le Jeu de l'Assassin" porte particulièrement bien la qualification de "Thriller" dont la couverture (superbe au passage, City est vraiment géniale pour le design de ses publications) est marquée.
Tous les éléments sont réunis dans ce roman pour nous livrer un thriller de qualité: du sang, du suspense, une enquête improbable et des rebondissements.

En plus de tous ces ingrédients, l'auteur a eu l'excellente idée d'ajouter une bonne dose d'humour, pas toujours subtile, mais qui donne un côté frais et divertissant au roman, entre deux meurtres sanglants. L'humour est apporté par le personnage principal qui n'est autre que le commissaire Nils (tient, comme l'auteur!) Kuhn. Un personnage attachant, adepte du second degré et du sarcasme. Plusieurs passages m'ont fait sourire grâce à ce personnage et les rapports qu'il entretient avec les membres de son équipe.

L'histoire commence dès la première page avec la découverte de la première victime. Dès lors, le suspense et l'incompréhension de lecteur ne cessent de croître. Nous sommes aussi perdu que les enquêteurs.

Si il y avait un point négatif à propos de "Le Jeu de l'Assassin" ce serait ma déception à avoir compris trop vite l'identité du meurtrier. J'aurais aimé que l'intrigue se complexifie encore pour quelques chapitres avant la grande découverte finale. Heureusement l'auteur a su me surprendre en enclenchant un dernier rebondissement qui redonne du rythme à l'histoire jusqu'à son terme.

Pour un premier roman, Nils Barrellon a vraiment mis la barre très haute. Je n'en attend pas moins pour le futur opus, qui j'espère est déjà en cours d'écriture. Une excellente lecture pour ma part, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette enquête au sein de l'équipe du commissaire Kuhn.

Merci Guillaume !